

Toutes les religions implantées à La Réunion ont parfaitement trouvé leur place au sein d’une société cosmopolite et d’un brassage culturel exemplaire.
Le catholicisme est la première religion de l’île. On estime que 95% des chrétiens sont de confession catholique. Monseigneur Aubry en est l’évêque depuis 1975. Les églises disséminées sur l’ensemble du territoire sont parfois de véritables chefs d’œuvres architecturaux, certaines étant classées aux monuments historiques. Quelques exemples incontournables: la cathédrale de Saint-Denis, l’église de Sainte-Anne, l’église du Sacré-cœur à Saint-Leu, l’église Notre-Dame des laves à Piton Sainte-Rose…
Mais la ferveur religieuse des catholiques ne s’exprime pas qu’au sein des maisons de Dieu, les Réunionnais manifestent leur piété un peu partout, dans le creux d’une ravine, au bord du chemin. Vous verrez un peu partout de petites chapelles et oratoires surmontés d’une croix, avec une Vierge au parasol ou une Vierge noire. On vient y faire des offrandes, allumer des bougies et prier.
L’essor de l’hindouisme à La Réunion date de la seconde partie du XIXe siècle. Après l’abolition de l’esclavage en 1848, les importants besoins de main-d’œuvres pour le travail des champs ont favorisé l’immigration de nombreux Indiens, en particulier du sud, comme les Malabars et les Tamouls. C’est l’engagisme. Parmi les représentations de Dieu, on célèbre particulièrement Mourouga, Kali, Vishnou ou Shiva.
Il existe une dizaine de grands temples tamouls repartis sur l’ensemble de l’île, et particulièrement localisés là où est présente la culture de la canne à sucre. Mais il existe aussi des centaines voire des milliers de petits temples ou chapelles publiques ou privées situées près des rivières ou dans la cour même des maisons.
De nombreuses fêtes rythment le calendrier tamoul, elles sont spectaculaires et très colorées :
Pandialé (marche sur le feu) au cours de l’année selon les temples et le calendrier lunaire. Cavadee (autour de mars) : Fête de dix Jours en l’honneur du Dieu tamoul Mourouga. Le Cavadee culmine, après une période de carême, par d’impressionnantes processions des pénitents. Dipavali en octobre (fête des Lumières) Les tamouls fêtent le Jour de l’An le 14 avril.
Les premiers musulmans de La Réunion (appelés Zarabes) sont également originaires d’Inde, plus précisément du Goudjerat, sur la côte occidentale de l’Inde. Ils sont arrivés sur l’île à partir de 1860, époque de l’engagisme. Les musulmans de La Réunion sont en majorité sunnites. Une communauté chiite est apparue dans l’île en 1972, en provenance de Madagascar.
Parmi les mosquées les plus emblématiques de l’île, on ne peut passer à côté de la mosquée Noor-al-Islam (La Lumière de l’Islam) de Saint-Denis. Édifiée un 1905, elle est la plus ancienne mosquée de France. Située en plein cœur de Saint-Denis, elle est ouverte au public.
La communauté musulmane est largement représentée. Les grandes familles se concentrent principalement dans la région Nord, autour de Saint-Denis. Les fêtes les plus populaires sont le Ramadan et l’Aïd el-Fitr.
Les premiers Chinois arrivèrent à partir de 1848 en tant qu’engagés pour fournir de la main-d’œuvre à l’industrie sucrière. Parfaitement intégrés, ils ont même adopté la religion catholique pour certains tout en conservant parfois leur croyances d’origine. Les fidèles pratiquent leur culte, mêlant confucianisme, taoïsme et bouddhisme, dans les pagodes de Saint Denis et de Saint-Pierre sous l’œil protecteur de Guan Di, Bouddha, Confucius ou Lao-Tseu.
La célébration du jour de l’An chinois (en début d’année selon le calendrier lunaire) est l’occasion de bruyantes démonstrations : des dragons sont promenés dans les rues, on fait des offrandes aux dieux et le bruit des pétards éloigne à grands renfort de brouhaha les mauvais esprits.
Les croyances populaires demeurent vivaces dans la culture créole. « Les esprits » et les superstitions, héritages parfois africains ou malgaches, sont toujours prégnants. Quelques exemples:
Vous verrez en bordure de route des petites chapelles rouges appelée aussi “ ti’chapelle bon Dieu ”. Il suffit de se promener et, au détour d’une ravine ou perdu au fond d’un cirque, vous trouverez l’un de ces autels dédiés à Saint-Expédit, décoré de bougies, de fleurs en plastique et d’une Vierge ou de Saint-Expédit lui-même. Les ex-voto remerciant le saint n’y sont pas rares.
Ce saint que l’on retrouve aux Antilles, en Amérique du Sud et dans l’océan Indien en général est objet de vénération et de crainte. Il est connu pour être celui qui exauce vite (expedit), mais c’est un saint ambigu, non reconnu par l’Église. Il est souvent prié pour demander une faveur ou obtenir une vengeance ou nuire à quelqu’un. Une fois le voeu exaucé, il faut payer Saint-Expédit par un don sinon il punit. Saint-Expédit apparaît, en vérité, comme un ultime recours à beaucoup de monde, principalement aux déshérités de la société réunionnaise. Il est considéré comme un saint malabar par beaucoup, à cause de sa couleur rouge, et de son côté vif, vengeur, pareil au feu. On l’apparente à Kali, la déesse indienne.
Le Jako malbar est un être effrayant qui suit les processions, le corps couvert de cendres et de chaux peintes en vert, portant un bonnet rouge et une longue queue. Sous cette apparence, il représenterait le Dieu singe “Hanuman” (Almal). Il est notamment connu pour ramasser des pièces de monnaie ou encore du camphre avec la bouche et réaliser des acrobaties dans les rues. Il bénit les maisons, les familles et chasse les mauvais esprits.
L’un des plus puissants mythes réunionnais repose sur des faits réels. En 1909, Sitarane fait partie d’une bande de trois copains qui allaient devenir de dangereux criminels aux méthodes barbares. Ils connaissaient les pouvoirs de la Datura stramonium, cette plante dont on extrait des médicaments barbituriques. La poudre issue de cette plante permettait de fabriquer un puissant somnifère, avec lequel les trois compères endormaient leurs victimes avant de dévaliser leurs maisons. Pendant plusieurs mois, les cambriolages et les crimes sanguinaires se multiplièrent et les habitants prirent peur. Tout le monde était persuadé que Sitarane était un sorcier capable d’invisibilité et d’ubiquité. La légende naît à cette période au cours de laquelle on leur attribue une douzaine de meurtres. Après l’un de ces crimes, les malfaiteurs sont arrêtés et guillotinés sur la place publique. Lors du procès, sont révélés des détails atroces des tueries, cérémonies macabres, messes noires… De nos jours, la tombe de Sitarane dans le cimetière de Saint-Pierre est visitée régulièrement, on y trouve de nombreuses offrandes. On l’invoque pour une guérison, pour se protéger des dangers ou repousser les ennemis.
Grand Mère Kallz est une des croyances réunionnaises les plus connues. Cette croyance répandue a été si déformée qu’il est aujourd’hui impossible de retrouver le sens originel ; il y a de multiples versions. En voici une : Grand mère kal était une vieille femme qui cachait chez elle des condamnés et quand quelqu’un passait à proximité de sa case elle l’invitait à boire le café et un petit verre de rhum. Si le voyageur portait de l’argent sur lui, les condamnés le suivaient sur le chemin, et au passage de la Ravine des Cafres, ils le dévalisaient puis le précipitaient au fond du ravin. Cette femme a fait commettre tant de crimes par ces condamnés que lorsqu’elle est morte son âme s’est envolée par la toiture de sa case. Désormais, elle n’a plus de tête et porte un grand chapeau. Elle passe annoncer la mort la nuit en rodant près des cases. Elle vient chaque fois que quelqu’un est gravement malade. Si elle ricane d’une voix sinistre, elle annonce la mort. Si au contraire elle passe en pleurant, c’est bon signe pour le malade. (source : IRT) Quelle que soit la version, son histoire est souvent utilisée pour menacer les enfants s’ils ne sont pas sages.