Patrimoine Mondial

La région des Pitons, cirques et remparts de l’île de La Réunion a été classée sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco en 2010.

Le bien classé couvre une superficie de plus de 100 000 hectares, soit 42 % de la surface de l’île de La Réunion. Le périmètre classé inclut le massif du Piton de la Fournaise, celui du Piton des Neiges, ainsi que les trois cirques : le cirque de Salazie, le cirque de Cilaos, le cirque de Mafate et leurs pentes environnantes. Les espaces urbains compris dans l’aire classée en sont exclus en raison de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Sont ainsi concernés Cilaos et ses environs, Salazie et ses environs et une partie de la Plaine des Palmistes.

L’Unesco a ainsi reconnu la valeur universelle exceptionnelle d’une grande partie de l’île de La Réunion. C’est pour son paysage spectaculaire, d’une beauté sans pareille, mais surtout pour sa flore abondante et au taux d’endémisme parfois très élevé, unique au sein de l’archipel des Mascareignes, que La Réunion est entrée dans le cercle très fermé des 266 sites naturels classés au patrimoine mondial. La superficie classée coïncide avec celle du Parc national de La Réunion créé en 2007, à laquelle s’ajoutent le Piton d’Anchaing dans le cirque de Salazie, le Piton de Sucre et la Chapelle dans le cirque de Cilaos, la Grande Chaloupe au nord et Mare Longue dans le sud.

Critères de sélection retenus

Critère (vii) : L’association du volcanisme, des glissements de terrain d’origine tectonique, et de l’érosion par les fortes pluies et les cours d’eau, a donné un paysage accidenté et spectaculaire d’une beauté saisissante, dominé par deux volcans, le Piton des Neiges qui est endormi et le Piton de la Fournaise qui est extrêmement actif. Parmi les autres caractéristiques principales du paysage, il y a les « remparts » – des murailles rocheuses escarpées d’âge et de nature géologique variables et les « cirques » que l’on peut décrire comme des amphithéâtres naturels massifs dont la hauteur et la verticalité sont vertigineuses. On trouve dans le bien, des gorges profondes, partiellement boisées et des escarpements, avec des forêts ombrophiles subtropicales, des forêts de brouillard et des landes, le tout formant une mosaïque d’écosystèmes et de caractéristiques paysagères remarquables et très esthétiques.

Critère (x) : Le bien est un centre mondial de diversité des plantes avec un degré d’endémisme élevé. Il contient les derniers habitats naturels les plus importants pour la conservation de la biodiversité terrestre des Mascareignes, y compris une gamme de types forestiers rares. Compte tenu des impacts importants et partiellement irréversibles de l’Homme sur l’environnement dans l’archipel des Mascareignes, le bien est le dernier refuge pour la survie d’un grand nombre d’espèces endémiques, menacées et en danger.

Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité

Le Maloya, classé en 2009

« Le Maloya est à la fois une forme de musique, un chant et une danse propres à l’île de la Réunion. Métissé dès l’origine, le Maloya a été créé par les esclaves d’origine malgache et africaine dans les plantations sucrières, avant de s’étendre à toute la population de l’île.

Jadis dialogue entre un soliste et un chœur accompagné de percussions, le Maloya prend aujourd’hui des formes de plus en plus variées, au niveau des textes comme des instruments (introduction de djembés, synthétiseurs, batterie…).

Chanté et dansé sur scène, il se métisse avec le rock, le reggae ou le jazz et inspire la poésie et le slam. Autrefois dédié au culte des ancêtres dans un cadre rituel, le Maloya est devenu peu à peu un chant de complaintes et de revendication pour les esclaves et, depuis une trentaine d’années, une musique représentative de l’identité réunionnaise. Toutes les manifestations culturelles, politiques et sociales sur l’île sont accompagnées par le Maloya, transformé de ce fait en vecteur de revendications politiques.

Aujourd’hui, il doit sa vitalité à quelque 300 groupes recensés dont certains artistes mondialement connus, et à un enseignement musical spécialisé au Conservatoire de musique de La Réunion.

Facteur d’identité, illustration des processus de métissages culturels, porteur de valeurs et modèle d’intégration, le Maloya est fragilisé par les mutations sociologiques ainsi que par la disparition de ses grandes figures et du culte aux ancêtres. »

Décision du Comité

« Le Maloya a été transmis de génération en génération en s’adaptant au contexte social de l’île de la Réunion et en procurant aux communautés concernées un sentiment d’identité et de continuité ;

L’inscription du Maloya sur la Liste représentative contribue à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en renforçant les méthodes de production des instruments traditionnels et sa transmission dans les écoles, et en promouvant le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine ;

La candidature présente des mesures de sauvegarde récentes telles que le soutien aux artistes pour la diffusion de l’élément, et des mesures proposées, telles que des travaux de recherche dans divers domaines, l’organisation de classes et d’ateliers sous les auspices des services réunionnais de l’éducation. »


Critères de Sélection du Patrimoine Mondial

Pour figurer sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. En gras, les critères retenus pour le classement du bien à La Réunion.

i. représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain ;

ii. témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ;

iii. apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue;

iv. offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine ;

v. être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d’une culture (ou de cultures), ou de l’interaction humaine avec l’environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l’impact d’une mutation irréversible ;

vi. être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle. (Le Comité considère que ce critère doit préférablement être utilisé en conjonction avec d’autres critères);

vii. représenter des phénomènes naturels ou des aires d’une beauté naturelle et d’une importance esthétique exceptionnelles ;

viii. être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ;

ix. être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;

x. contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

Source : UNESCO.